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NOTICE SUR HÉSIODE

tres sacrés de l’Olympe et de l’Hélicon, travailla pour la Grèce entière. Il recueillit ces essais antérieurs, les organisa autant qu’il le put, les transforma sans en altérer le fond, et les développa dans une ordonnance aussi vaste que simple, que l’on peut bien considérer comme son œuvre propre et comme sa pensée personnelle. Ainsi que ses devanciers, depuis les premiers temps, depuis les premières tentatives de Théogonies partielles, nées des religions locales, il crut implicitement à ces histoires divines qu’il racontait après eux, mais il crut d’une foi plus haute, plus libre et avec un commencement de réflexion. Aussi éprouve-t-il le besoin de motiver, d’expliquer, d’interpréter enfin à sa manière, les mythes populaires sur les dieux. Il fait plus ; tout en les ordonnant sur un plan poétique, il les pénètre et les domine d’un vue supérieure, d’une intuition profondément symbolique, qu’on ne peut guère rapporter qu’à lui, quoique le germe obscur en fût déposé, dès l’origine, au sein de la religion des Grecs.

La Grèce ne croyait point et ne pouvait point croire à l’éternité de ses dieux. Eschyle proclame hautement ce fait, lorsque, par la bouche de son Prométhée, inspiré de la Théogonie d’Hésiode, il prédit à Jupiter lui-même un successeur. Engagés dans le monde, les dieux helléniques devaient en partager les vicissitudes ; ils eurent nécessairement une histoire ; ils avaient commencé et ils devaient finir ou du moins céder à d’autres dieux plus puissants l’empire du monde. Des dieux antérieurs avaient existé et régné sur

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