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NOTICE SUR PYTHAGORE

On ne sait pour quel motif il quitta sa patrie et se rendit à Crotone, colonie d’Achéens, fondée à l’extrémité occidentale du golfe de Tarente. Cette ville était l’une des plus florissantes de la Grande Grèce. Les sciences et les arts y étaient en honneur et Pythagore y reçut le droit de cité.

« C’était alors, nous dit M. Chaignet[1], un homme d’une quarantaine d’années, d’une grande taille, plein de grâce et de distinction dans la voix, dans la physionomie, dans sa personne, unissant à une beauté de visage qui le fit d’abord comparer, puis confondre avec Apollon, une gravité austère qui ne se permettait jamais le rêve, ni la conversation enjouée, ni la plaisanterie. Doué d’une rare éloquence, d’un beau génie, rempli d’une science profonde, étendue, sévère, qu’il avait puisée dans les livres et dans les entretiens des sages et dans le commerce des hommes, Pythagore essaya de réaliser dans Crotone un plan systématique, un idéal de vie, une réforme morale, religieuse et politique qu’il avait sans doute conçue antérieurement. Sa tentative fut d’abord couronnée d’un plein succès. » Il prêchait à la façon d’un missionnaire. Ses discours excitaient la plus vive admiration. On accourait en foule autour de lui ; les citoyens les plus distingués se rangeaient au nombre de ses disciples ; la jeunesse

  1. Pythagore et la philosophie pythagoricienne, tome I, p. 58. Paris, Didier. Cet ouvrage, couronné par l’Académie des sciences morales, est de beaucoup le plus complet que nous possédions sur ce sujet.