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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

des citoyens insensée, avides de richesses, veulent eux-mêmes détruire cette puissante cité. Les chefs du peuple rêvent le crime et pour leur insolence extrême ils sont menacés de grands châtiments. Ils ne savent pas contenir leur orgueil, ni goûter avec tranquillité les plaisirs d’un festin… Ils cherchent à s’enrichir par des actions injustes… Ils ne respectent ni les propriétés sacrées, ni le trésor public ; ils s’enrichissent en se volant l’un l’autre et n’ont aucun souci des saintes lois de la Justice. Mais si la Justice se tait, elle garde le souvenir de ce qui s’est passé et de ce qui se passe, elle vient à son heure et châtie les coupables. C’est ainsi qu’une plaie incurable s’est étendue sur toute la cité qui est tombée tout à coup en une affreuse servitude ; alors est née la guerre civile, les haines assoupies se sont réveillées et beaucoup de citoyens ont péri à la fleur de l’âge. Attaquée par ses ennemis, la ville jadis florissante est bientôt écrasée dans des combats funestes aux siens. Tels sont les maux qui accablant le peuple ; parmi les pauvres beaucoup s’en vont sur une terre étrangère, vendus et indignement chargés de chaînes… C’est ainsi que le malheur public pénètre dans la maison de chacun : les portes extérieures ne peuvent l’arrêter, il franchit les murs élevés et atteint partout celui qu’il poursuit, quand même il s’enfuirait dans l’endroit le plus reculé ou dans son lit. Mon cœur m’ordonne de dénoncer aux Athéniens les maux que le mépris des lois entraîne pour l’État. La légalité, au contraire, fait régner partout le bon ordre et l’harmonie ; elle s’oppose aux mauvaises actions des méchants ; elle tempère la dureté, elle réfrène l’orgueil, elle repousse l’injure, elle arrête le mal à sa naissance, elle rectifie les juge-