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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

que Pisistrate maintenait la plupart des lois de Solon, qu’il était le premier à les observer et les faisait observer à ses amis. Accusé de meurtre devant l’aréopage, tout revêtu qu’il était du pouvoir suprême, il parut modestement pour se justifier ; mais l’accusateur se désista de sa poursuite. Il fit lui-même quelques lois, et entre autres celle qui ordonnait que les citoyens qui auraient été estropiés à la guerre seraient nourris aux dépens du public. Cependant Solon, au rapport d’Héraclide, avait déjà fait rendre un pareil décret en faveur de Thersippe ; et Pisistrate ne fit que l’imiter et rendre la loi générale. Théophraste prétend que la loi contre les gens oisifs n’est pas de Solon, mais de Pisistrate : elle contribua à faire mieux cultiver la campagne et à rendre Athènes plus tranquille.

Solon avait entrepris de mettre en vers l’histoire ou la fable des Atlantides, qu’il tenait des sages de Saïs, et qui intéressait les Athéniens. Mais il y renonça bientôt, non, comme Platon l’a dit, qu’il en fut détourné par d’autres occupations, mais plutôt à cause de sa vieillesse, et parce qu’il était effrayé de la longueur du travail ; car il vivait alors dans un très grand loisir, comme il le dit lui-même dans ce vers : « Je vieillis en apprenant toujours d’avantage. » Et ailleurs : « J’aime les dons de Cypris, de Bacchus et des Muses ; ils font la joie des mortels. »

Platon s’emparant de ce sujet comme d’une belle terre abandonnée et qui lui revenait par droit de parenté[1], se fit un point d’honneur de

  1. Il descendait d’un frère de Solon.