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NOTICE SUR SOLON

loppât le sens, et la manière dont il fallait les entendre : il eût été déraisonnable de les refuser ; les satisfaire, c’était s’exposer à l’envie. Pour éviter ces difficultés, pour se dérober aux importunités et aux plaintes, car, comme il le disait lui-même : « Dans les grandes affaires il est difficile de plaire à tout le monde, » il demanda aux Athéniens un congé de dix ans, et s’embarqua, sous prétexte qu’il voulait aller commercer sur mer. Il espéra que ce temps-là suffirait pour les accoutumer a ses lois. Il alla d’abord en Égypte, où, comme il le dit, il demeura quelque temps « aux embouchures du Nil, près du rivage de Canope. » Il y eut de fréquents entretiens sur les matières philosophiques avec Psénophis l’Héliopolitain et Sonchis le Saïte. Ce fut d’eux, au rapport de Platon, qu’il apprit ce que l’on raconte de l’île Atlantide, dont il se proposa de mettre le récit en vers, pour le faire connaître aux Grecs. De là il passa en Cypre, où il se lia d’amitié avec un des rois du pays, nommé Philocypre, qui habitait une petite ville bâtie par Démophon, fils de Thésée, près du fleuve de Claros. Elle était située sur un lieu fort et escarpé, mais dans un terrain stérile et ingrat. Solon lui persuada de transporter sa ville dans une belle plaine qui s’étendait au-dessous de ce rocher, et de la bâtir plus grande et plus agréable. Il aida même à la construire, et à la pourvoir de tout ce qui pouvait y faire régner l’abondance et contribuer à sa sûreté. Elle fut bientôt si peuplée, qu’elle donna de la jalousie aux rois voisins. Philocypre, par une juste reconnaissance

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