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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

de leur ancien attachement, subsistant toujours dans leur cœur, y conservèrent le souvenir de cet amour ; de même qu’un grand feu laisse toujours après lui de vives étincelles…

Selon, au rapport d’Hermippus, trouva que la bienfaisance et la générosité de son père avaient considérablement diminué sa fortune. Il ne manquait pas d’amis disposés à lui fournir de l’argent ; mais, né d’une famille plus accoutumée à donner qu’à recevoir, il aurait eu honte d’en accepter ; et comme il était encore jeune, il se mit dans le commerce. Cependant, suivant quelques auteurs, il voyagea moins dans la vue de trafiquer et de s’enrichir que dans le dessein de connaître et de s’instruire. Il faisait ouvertement profession d’aimer la sagesse ; et, dans un âge fort avancé, il avait coutume de dire qu’il vieillissait en apprenant toujours. Il n’était pas ébloui par l’éclat des richesses, comme il le témoigne dans une de ses élégies :

« Ils sont également riches, et celui qui a beaucoup d’argent, beaucoup d’or, des champs fertiles, des chevaux, des mulets, et celui qui n’a que les biens suivants : les jouissances que procurent un bon estomac, de vigoureux poumons, des jambes solides, l’amour pendant sa jeunesse ou des plaisirs en rapport à son âge[1]. »

Il dit pourtant dans un autre endroit :

« Je désire des richesses, mais je ne veux pas les posséder injustement. La Justice a toujours son heure. »

  1. Le texte des derniers vers est fort incertain.