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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

lois. Pour ramener les esprits au respect de la loi, il mettait sans doute en contraste les maux de l’anarchie prêts à fondre sur la ville, et le tableau des liens de toute espèce qu’enfante la bonne harmonie entre les citoyens, fondée sur l’ordre dans l’État. Cette harmonie, il la trouvait réalisée dans les temps antérieurs, dont il traçait rapidement l’histoire, dans les salutaires effets de la législation de Sparte, dont il faisait une magnifique apologie. Tel était, sans aucun doute, le sujet de l’Eunomie, comme on peut en juger par les fragments qui en restent, et que nous devons à Strabon, à Plutarque, à Pausanias[1]. On y retrouve, mais plus grave, plus calme, et avec des images différentes, cette inspiration si brûlante qui anime les trois élégies guerrières, plus ou moins complètes, dont l’orateur Lycurgue nous a conservé l’une et Stobée les deux autres. Elle se fait sentir plus vive encore et plus pressante, à l’heure du combat, dans les deux lambeaux des anapestes qui nous ont été transmis si mutilés par Dion Chrysostôme, Tzetzès et Héphestion. Les anciens avaient fait cinq livres de ce qu’ils possédaient sous le nom de Tyrtée ; ce que nous en avons forme à peine quelques pages dans les recueils de Brunch et de Gaisford, dans les monographies de Klotz et de Bach[2], mais des pages où se révèle l’âme tout

  1. Strabon, VI, p. 279, et VIII, p. 362 ; Plutarque, Lycurgue, 6 ; Pausanias, ch. VI, XIV et XV.
  2. Brunck, Analect. ; Gaisford, Poet. gr. min. ; t. III. ; Klotz, Tyrtæi quæ exstant omnia, 1764 et 1767 ; et Bach, Tyrtæi Aphidnæi carmina quæ supersunt, plus court, plus complet