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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

sujet de la vie, ont reçu des ailes changeantes (729-730).

Pêre suprême, Jupiter, pourquoi les dieux, en permettant que les scélérats se plussent dans la violence, n’ont-ils pas voulu que les auteurs des actes coupables, commis sans souci des dieux, en reçussent eux-mêmes le châtiment, et que les crimes des pères ne devinssent pas plus tard le fléau de leurs fils innocents ; que les enfants d’un père injuste, qui, connaissant la justice, la pratiqueraient par crainte de la colère, fils de Saturne, qui, dès le commencement, se seraient attachés à l’aimer, au milieu de leurs concitoyens, ne fussent point condamnés à expier les attentats de leurs pères ? Pourquoi les bienheureux habitants du ciel ne l’ont-ils pas voulu ainsi ? Aujourd’hui le coupable échappe, et c’est un autre qui porte la peine de son crime (731-742).

Et comment, roi des immortels, pourrait-on trouver juste que l’homme qui s’est toujours éloigné des actes injustes, sans transgresser les lois, sans violer son serment, qui a vécu selon la justice, ne soit pas lui-même traité justement ? Et qui, à ce spectacle, révérerait encore les dieux ? Que penser, quand un mortel injuste et scélérat, sans craindre la colère ou des dieux ou des hommes, se livre à la violence, rassasié de richesses, tandis que les justes s’affligent, accablés par la pauvreté (743-752) ?

Instruit par mes leçons, ô mon ami, enrichis-toi selon la justice, garde ton cœur de la souillure du crime. N’oublie jamais ces vers, et, à la fin, tu t’applaudiras de t’être réglé sur mes sages conseils (753-756).

Puisse Jupiter, de l’éther où il habite, étendre tou-