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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

naufrage ? Ils dorment cependant ; ils ont retiré le gouvernail au pilote, un pilote habile qui dirigeait sagement. On ravit violemment les richesses ; l’ordre est détruit ; il n’y a plus de partage équitable ; ce sont les portefaix qui commandent, les méchants qui l’emportent sur les bons. Oh ! je crains bien que les vagues n’engloutissent le vaisseau. Voilà ce que j’adresse, sous le voile de l’énigme, aux honnêtes gens ; le méchant, toutefois, en pourra profiter lui-même, pour peu qu’il ait de sagesse (667-682).

Beaucoup possèdent la richesse, mais ne sont que des ignorants ; d’autres, qui recherchent l’honnête, sont accablés par le besoin. Pour tous également, même difficulté d’agir : à ceux-ci leur pauvreté fait obstacle, à ceux-là leur faiblesse d’esprit (683-686).

Il n’appartient pas aux mortels d’entrer en lutte avec les immortels, de plaider contre eux. Nul n’a ce droit (687-688).

Il ne faut pas faire le mal qui ne doit pas être fait ; il ne faut pas commencer ce qu’il ne serait pas bon d’achever (689-690).

Accomplis avec joie ton voyage à travers la vaste mer, et que par ton retour Neptune charme tes amis (691-692) !

À beaucoup d’hommes sans raison a été funeste la satiété. Il est difficile de connaître la mesure, quand les biens abondent (693-694).

Je ne puis, ô mon cœur, disposer à ton gré toutes choses. De la patience, donc : tu n’es pas le seul qui aime ce qui est bon (695-696).

Quand je suis heureux, j’ai beaucoup d’amis ; mais qu’il m’advienne quelque chose de fâcheux, bien peu me gardent fidélité (697-698).

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