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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

ennemi, comme le pilote les écueils de la mer (575-576).

Il est plus facile de faire d’un bon un méchant, que d’un méchant un bon. Ne prends pas la peine de m’instruire ; je ne suis plus dans l’âge d’apprendre (577-578).

Je hais l’homme méchant, je passe près de lui cachée sous mon voile, avec le cœur léger d’un petit oiseau (579-580).

Je hais la femme vagabonde et l’homme audacieux qui veut labourer le champ d’autrui (581-582).

Mais, pour ce qui est passé, il est impossible que ce ne soit pas ; c’est pour ce qui peut venir, qu’il faut se mettre en garde (583-584).

Toutes les entreprises ont leur danger, et personne ne sait, au début, où il doit arriver. L’un, qui cherche la gloire, tombé par imprudence dans une grave infortune ; l’autre agit mal, et les dieux disposent autour de lui toutes choses, lui accordent le bon succès, le font échapper à sa folie (585-590).

Il faut que les mortels se soumettent à ce que leur imposent les dieux, qu’ils portent facilement l’une et l’autre fortune (591-592).

Ne te hâte pas, ou de te désespérer dans l’infortune, ou de t’abandonner à la joie dans la prospérité, avant d’avoir vu la fin (593-594).

Soyons compagnons, ô homme, mais de loin. Hors l’argent, on se lasse de toute chose (595-596).

Restons longtemps amis, mais ne laisse pas d’en fréquenter d’autres, qui connaissant mieux que moi les sentiments (597-598).

Tu ne m’as point surpris, quand, par un chemin depuis longtemps fréquenté de toi, tu es venu déro-