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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

moi. Ses parents près d’elle boivent une onde fraîche, et elle, leur versant, ne me supporte qu’en gémissant. J’ai cependant serré dans mes bras le corps de la jeune fille, j’ai baisé son cou, tandis que sa bouche m’adressait de douces paroles (261-266).

On connaît la pauvreté, bien qu’étrangère ; elle n’ose venir sur la place ni au tribunal ; partout où elle paraît, elle a le désavantage ; partout elle est méprisée, partout odieuse (267-270).

Les dieux ont également réparti entre les hommes mortels toutes choses, et la triste vieillesse et la jeunesse. Mais ce qu’il y a de pire pour l’homme, de plus fâcheux que la mort, que toutes les maladies, c’est, après avoir nourri ses enfants, les avoir pourvus de tout le nécessaire, avoir remis en leur main le bien acquis par tant de peines, qu’ils haïssent leur père, qu’ils souhaitent sa fin, qu’ils aient en horreur sa venue, comme celle du mendiant importun (271-278).

Il est naturel que le méchant outrage la justice, sans supporter dans l’avenir aucun châtiment de la part des dieux. Au méchant il est loisible de se charger de nombreux crimes dans le présent et de se figurer qu’il arrange tout pour le mieux (279-282).

N’avance pas le pied par confiance dans qui que soit de tes concitoyens, dans son serment ni dans son amitié, quand bien même, voulant donner des gages sûrs de sa foi, il attesterait le roi des dieux, le grandi Jupiter (283-286).

Dans une ville si médisante rien ne plaît ; mais cette foule est trop misérable pour trouver le salut (287-288).

Le mal des bons est devenu le bien des méchants, et ceux-ci gouvernent par la violence. La pudeur a

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