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NOTICE SUR HÉSIODE

avaient paru les deux poètes les plus anciens dont elle eût conservé les ouvrages ; et le nombre de ces ouvrages, mis successivement sur leur compte, les dates évidemment différentes qu’ils portaient en eux-mêmes, les matériaux non moins divers qui s’y trouvaient employés, ne laissaient pas que de compliquer beaucoup la question. De là, Hésiode tantôt plus ancien, tantôt plus récent qu’Homère, aussi bien que son contemporain ; de là, son existence reculée jusqu’au douzième siècle avant notre ère, ou descendant jusqu’au viie ; de là, par exemple, Stésichore, le poète lyrique d’Himère, donné pour son fils. Hérodote, prenant une sorte de milieu, mais nommant encore Hésiode avant Homère, les place l’un et l’autre quatre cents années avant sa naissance, c’est-à-dire au commencement du ixe siècle. Les critiques d’Alexandrie crurent, au contraire, avoir de bonnes raisons pour mettre entre eux un assez long intervalle, se fondant principalement sur la comparaison, dans le fond et dans la forme, des plus anciens et des plus authentiques parmi les poèmes qui leur étaient attribués. Ils remontèrent Homère d’un siècle ou davantage, et rapprochèrent Hésiode de l’ère des olympiades, déclarant leurs dates et leurs origines, conséquemment leurs patries, aussi différentes que les caractères de leur poésie aux yeux des connaisseurs.

Tout dans les ouvrages qui nous sont parvenus sous le nom d’Hésiode, à commencer par les Œuvres et Jours, le plus autorisé, semble venir à l’appui de cette opinion, bien qu’elle puisse à

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