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SENTENCES DE THÉOGNIS DE MÉGARE

Jupiter incline sa balance, tantôt d’une façon, tantôt de l’autre ; tantôt pour qu’on soit riche, tantôt pour qu’on ne possède rien (155-158).

Que jamais, Cyrnus, il ne t’échappe d’orgueilleuse parole. Nul homme ne sait ce que lui apporte la nuit qui vient, le jour prochain (159-160).

Beaucoup, sans prudence dans leurs conseils, ont pour eux la fortune, et ce qui semblait devoir les perdre leur tourne à bien. D’autres, qui n’ont que des vues raisonnables avec des dieux contraires, se travaillent en vain ; ils n’amènent point à bonne fin leurs entreprises (161-164).

Nul, parmi les hommes, n’est riche ou pauvre, bon ou mauvais, sans la volonté des dieux (165-166).

Les maux varient, mais, à vrai dire, le bonheur ne se rencontre chez aucun de ceux que voit le soleil (167-168).

Celui que les dieux protègent, est loué même de l’envieux. L’homme par lui-même n’obtient aucune estime (169-170).

Adresse tes prières aux dieux, dont la puissance est souveraine : sans les dieux, il n’est pour les hommes ni biens, ni maux (171-172).

Ce qui abat, ce qui dompte plus que toute chose, plus que la vieillesse chenue, que la maladie, l’homme de bien, c’est, Cyrnus, la pauvreté. Il faut la fuir, la jeter dans les flots profonds, la précipiter du haut des rochers escarpés. L’homme qu’a dompté la pauvreté, ne peut ni parler, ni agir ; sa langue est enchaînée (173-178).

Il faut chercher sans relâche, sur la terre, sur le large dos de la mer, ce qui peut, Cyrnus, nous dégager des liens pénibles de la pauvreté (179-180).