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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

Garde-toi de t’ouvrir de tes desseins à tous tes amis indifféremment. Bien peu, dans le nombre, ont un cœur fidèle (73-74).

C’est à ce peu d’hommes qu’il faut te confier pour les grandes entreprises, si tu ne veux, Cyrnus, t’exposer à un chagrin sans remède (75-76).

Un homme fidèle, il faut, Cyrnus, dans un temps de discordes, l’acheter au poids de l’or et de l’argent (77-78).

Tu n’en trouveras pas beaucoup, Polypédès, qui se montrent, dans les conjonctures difficiles, des compagnons fidèles, qui, s’unissant de cœur à un ami, osent accepter le partage et des biens et des maux. Même en cherchant dans tout le monde, tu n’en trouveras pas tant qu’un seul vaisseau ne puisse les contenir tous, de ces hommes dont la langue et les yeux sont le siège de la pudeur, que l’amour du gain entraîne à rien de honteux (79-86).

Ne me chéris pas en paroles tandis que tes pensées sont ailleurs, si tu m’aimes vraiment, si tu portes un cœur fidèle (87-88).

Il faut, ou m’aimer d’une affection pure ou me haïr franchement, me déclarant une guerre ouverte. L’homme au cœur double, avec une seule langue, est un associé dangereux qu’il vaut mieux, Cyrnus, avoir pour ennemi que pour ami (89-92).

Celui qui te loue seulement lorsqu’il est sous tes yeux, et qui, hors de ta présence, dirige contre toi les traits de sa langue médisante, n’est pas un bien bon ami. Il ne l’est pas non plus, celui dont le langage est bienveillant et les pensées tout autres. Je veux un ami qui, connaissant les défauts de l’homme auquel il s’attache, le supporte comme un frère. Médite là-des-