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NOTICE SUR HÉSIODE

qui sont l’objet principal du poème des Œuvres. On veut, mais sur des indices peu sûrs ou même imaginaires, qu’il ait composé ce poème à Orchomène, où il se serait retiré, ayant pris Ascra en dégoût : ce qui est certain, c’est que les Orchoméniens montraient son tombeau dans leurs murs, mais en avouant qu’ils y avaient recueilli ses ossements apportés d’Ascra ruinée par les Thespiens ou qu’ils les avaient fait venir de Naupacte en Locride, sur l’ordre de la Pythie, pour délivrer leur ville de la peste par la possession de ce dépôt sacré. Quoi qu’il en soit, c’était un proverbe, chez les Grecs, que la longue vieillesse d’Hésiode ; c’était une tradition que sa double sépulture ; et pour le monument érigé en son honneur sur la place publique d’Orchomène, Pindare avait, dit-on, composé une inscription, que nous avons encore, où il est célébré comme ayant joui d’une double jeunesse, comme ayant obtenu deux tombeaux, comme ayant enseigné la mesure de la sagesse humaine.

De cette espèce d’auréole dont fut environnée de bonne heure la mémoire d’Hésiode, de ce prix singulier attaché à ses restes, aussi bien que des détails d’une légende mythique sur la mort violente qu’il aurait trouvée dans les environs de Naupacte, on a conclu, non sans quelque vraisemblance, quoique sans preuve positive, qu’il aurait été vénéré à titre de héros en Béotie et en Locride de même qu’Homère l’était à Chios. Il est sûr au moins que les provinces de la Grèce européenne, sans doute aussi la Phocide et l’Eubée, furent le théâtre sur lequel fleurit et se