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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

propre à t’envelopper la tête et à garantir tes oreilles de l’humidité. Il fait grand froid le matin quand vient à tomber le souffle de Borée. Le matin, s’étend du ciel à la terre, sur les guérets de l’heureux cultivateur, une vapeur féconde ; puisée dans l’éternel courant des fleuves, et suspendue dans les airs par la violence des vents, tantôt elle se résout en pluie vers le soir, tantôt elle se dissipe quand Borée, du fond de la Thrace, pousse devant lui les nuages amoncelés.

Tiens-toi donc en garde, hâte-toi d’achever ton ouvrage et de regagner le logis ; crains que, du haut du ciel, une sombre nuée ne fonde tout à coup sur toi et ne t’enveloppe, inondant ta tête et tes vêtements ; préviens sa chute, s’il est possible. C’est maintenant le plus mauvais mois de l’hiver, mauvais pour le menu bétail, mauvais aussi pour les hommes.

En ce temps, il suffit aux bœufs d’une demi-portion d’aliments, mais il faut davantage à l’homme ; car, pour les animaux, les longues nuits peuvent suppléer au défaut de la nourriture. (Ne l’oublie pas, et proportionne à la durée de la nuit la ration du jour jusqu’à ce que l’année s’achève, et que la mère commune, la terre, produise de nouveau tous ses fruits.)

Lorsqu’après le solstice d’hiver, Jupiter a accompli un cercle de soixante jours, alors, quittant les flots sacrés de l’Océan, l’Arcture brille dans le ciel de toute sa lumière au commencement de la nuit. Ensuite, la fille de Pandion, l’hirondelle aux plaintes matinales, revient se montrer aux hommes avec le printemps nouveau. N’attends point son retour pour tailler tes vignes, et ce sera fort bien fait.

Plus tard, quand, fuyant les Pléiades, l’insecte qui porte sa maison montera de la terre sur les plantes, il