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POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

traits paternels. Rien n’altère leur félicité ; ils ne sont jamais montés sur des vaisseaux ; ils vivent contents des productions d’une terre fertile.

Mais s’il en est qui préfèrent l’injustice et de criminelles pratiques, le fils de Saturne, aux regards duquel rien n’échappe, leur prépare un châtiment sévère.

Souvent une ville entière porte la peine des iniquités, des crimes d’un seul homme. Du haut du ciel Jupiter fait descendre sur elle quelque fléau terrible, la famine avec la peste : les peuples meurent ; les femmes n’engendrent plus ; les maisons périssent ; ainsi le veut dans sa sagesse le maître de l’Olympe. D’autres fois il détruit leurs armées, renverse leurs murailles, submerge leurs vaisseaux.

Songez, ô rois ! songez vous-mêmes à cette sévère justice ; car les dieux se mêlent au milieu des hommes ; ils ont les yeux ouverts sur le méchant, qui, par de criminels arrêts, cherche à écraser ses semblables, sans crainte de la vengeance céleste. Au nombre de trente mille sont sur la terre nourricière ces immortels ministres de Jupiter, surveillants des mortels, qui observent leurs œuvres bonnes ou mauvaises, errant en tous lieux, cachés dans un nuage. La Justice (Dicé), cette vierge divine, fille de Jupiter, est auguste et respectée parmi les habitants de l’Olympe. Si quelqu’un lui fait injure et l’insulte, aussitôt elle va s’asseoir près de son père ; elle se plaint à lui de la malice des hommes et demande vengeance.

Elle le prie de faire payer aux peuples les iniquités des rois, qui, dans leurs coupables desseins, font pencher la balance des lois et prononcent d’injustes sentences.