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LES TRAVAUX ET LES JOURS

rait privé de la victoire et ne recueillerait que la honte et le malheur. » Ainsi parla l’épervier rapide, aux ailes étendues.

Écoute la voix de la Justice (de Dicé), ô Persès, et n’accrois pas la force de l’Injure (d’Hybris). L’Injure est funeste au misérable, et le puissant lui-même ne la peut supporter ; elle l’accable de son poids, quand il rencontre l’infortune. Il est une voie meilleure, celle qui conduit aux actions justes. À la fin la Justice l’emporte sur l’Injure. L’insensé l’apprend par son expérience.

À la suite des jugements iniques court (Horcos) le dieu qui préside aux serments ; vient elle-même la Justice, se précipitant où l’entraînent ces hommes avides, ces mangeurs de présents, dont les sentences perverses violent les lois. Elle suit en pleurant ; elle traverse les cités et les peuples, enveloppée d’un nuage qui la dérobe aux yeux, répandant les calamités sur ces impies qui la chassent, et qui jugent sans équité.

Mais ceux qui jugent suivant d’équitables lois et les étrangers et leurs concitoyens, qui jamais ne s’écartent du juste, ceux-là voient fleurir leurs villes et leurs peuples prospérer. Sur leur terre fortunée, la paix fait croître une jeunesse nombreuse. Jamais le vigilant Jupiter ne leur envoie le fléau de la guerre ; jamais, chez ces hommes justes, n’habitent ou la famine ou les désastres. Ils jouissent dans les festins du fruit de leurs travaux. La terre fournit en abondance à leur nourriture. Pour eux, sur les montagnes, les chênes ont en haut des glands, et plus bas des abeilles ; d’épaisses toisons couvrent leurs brebis ; leurs femmes donnent le jour à des enfants qui rappellent les

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