Page:Poètes Moralistes de la Grèce - Garnier Frères éditeurs - Paris - 1892.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
POÈTES MORALISTES DE LA GRÈCE

l’Éther, la plaça aux racines de la terre en même temps que parmi les hommes : elle est de beaucoup meilleure que l’autre ; elle éveille, elle excite au travail l’homme le plus indolent. S’il en voit un autre s’enrichir, il sort de son oisiveté et s’empresse à son tour de labourer, de planter, de régler, de faire prospérer sa maison ; le voisin stimule le voisin par son ardeur à gagner : cette rivalité (cette Éris) est bonne pour les mortels.

Le potier aussi porte envie au potier, l’artisan à l’artisan, le mendiant au mendiant, le chanteur au chanteur.

Ô Persès, conserve au fond de ton cœur mes leçons ! Que cette méchante rivalité (cette Éris), qui met sa joie dans le mal ne te détourne pas du travail et ne t’entraîne pas sur la place publique pour y prêter avidement l’oreille aux débats des Tribunaux. Il a peu de temps à donner aux procès, celui qui n’a pas su amasser des provisions pour son année, et recueillir, dans la saison, ces fruits que porte la terre et que donne Cérès.

Quand tu en seras rassasié, alors, si tu le veux, inquiète par d’injustes attaques les possessions d’autrui. Mais il ne te sera pas donné de le faire une seconde fois. Allons, accordons-nous d’après ces lois équitables qui viennent de Jupiter. Car déjà, quand nous avons partagé notre héritage, tu courtisais ces rois mangeurs de présents, qui sont prêts encore à juger notre querelle.

Ils ne savent pas, les insensés, combien la moitié est préférable au tout, et ce qu’il y a de richesse dans la mauve et l’asphodèle.

Les dieux ont caché aux hommes les ressources de