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La Chanson d’Arthur.

glier dans une cage de fer, et mon cœur s’est empli de haine. J’ai vu le roi des épées entravé comme un esclave, et la soif de la vengeance a fendu mes lèvres.

J’ai vu le jour des larmes, je veux voir le jour du triomphe. Gaëls ! Gaëls ! ne laissez pas vos épées se rouiller sous les baisers des femmes. »

« C’est un vrai barde, » murmure Merlin à l’oreille du roi.

« Ami, dit Arthur, ta voix me rappelle le cliquetis des épées, le froissement des cuirasses. »

Genièvre pique la table de sapin avec son couteau d’or, et elle sourit dédaigneusement. Genièvre est belle comme le lac des montagnes où le cygne fait son nid, elle est belle comme le vallon solitaire où la bruyère est blanche ; mais Genièvre est une femme.

« Comment trouves-tu ce chant ? lui demande Arthur.