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La Chanson d’Arthur.

Le Gaulois avait pris sa harpe dans la gueule du loup ; il s’en couvre comme d’un bouclier et l’épée de Médrod se brise en la touchant. Cette épée avait pourtant fendu bien des boucliers.

« Amis, ne tachez pas la robe de ma reine, dit Arthur ; demain la journée sera longue, et, si vous le voulez, au soleil levant, vous viderez votre querelle. Assieds-toi, Médrod. Mange, Gaulois ; bois dans ma coupe, puis tu chanteras.

Médrod sort pâle de colère. Le Gaulois prend la corne d’or, verse sur la table quelques gouttes de vin et dit : « Tu es le sang de la terre où poussent les chênes ; coule toujours rouge pour les Gaëls ! coule pour eux comme un fleuve ! donne-leur la force qui rend bon et la gaieté qui rend brave. »

Il vide la corne d’un trait, puis il touche les cordes de sa harpe. Les sons qui s’envolent ressemblent au bruit du vent dans les feuilles du bouleau, au murmure du ruisseau entre