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La Chanson d’Arthur.

vives lorsque le roi les désigne de la main. Médrod, l’Écossais à la prunelle fauve, est en face de Genièvre.

Le festin est gai. Le guerrier, vigoureux comme l’ours, rit volontiers en vidant sa corne d’ivoire ; la blonde Genièvre a les dents blanches, les porteurs d’épée n’ont point de soucis, les joueurs de harpe point d’inquiétudes.

Merlin seul ne rit pas ; il regarde l’Écossais, et il dit dans sa barbe blanche : « le sanglier n’a pas mangé toutes les vipères. » Merlin voit dans l’avenir ; il est, comme Arthur, fils d’un esprit de l’air et d’une vierge bretonne. Il comprend la langue des renards, et il dit dans sa barbe blanche : « Cette vipère mordra la femme aux tresses d’or. »

Lorsque la faim est apaisée, les pages posent devant chaque convive une coupe de vin miellé, et le roi Arthur dit : « Hommes savants dans l’art de poésie, il faut que l’avenir sache comment j’ai vaincu les ennemis de