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La Fille de Jephté.

cèdres moussus ! chantez, palmiers dorés ! votre ami n’est plus seul, votre frère est aimé !

Viens, j’ai, près d’un bois, un chariot d’érable doublé de peaux d’ours et de léopard ; j’ai des taureaux blancs, j’ai des vaches rousses et des poulains gris aux yeux étonnés. Viens, je t’apprendrai comment les étoiles fleurissent brillantes aux sillons des cieux. Viens, je t’apprendrai comment l’homme monte sans jamais mourir, viens, je t’aimerai comme les mésanges s’aiment dans leur nid. »

Ephrata pleure en répondant : « Je suis la victime promise au Dieu des armées. Va-t’en ! va-t’en ! Je suis la fille de Jephté. »

Fais vibrer ta flûte, Mohamed ; la voix du chef est forte. Fais vibrer ta flûte ; tu entendras encore le chef dire en pressant sur son cœur le lis de Galaad : « Mon cheval est plus fort qu’un taureau sauvage, plus doux qu’une génisse, plus léger qu’une biche, et mon bras fait ployer une lance de frêne. Viens, viens, je t’aime ! »