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La Fille de Jephté.

Mohamed, fais dire à ta flûte ce que disent, avant l’orage, les roseaux du lac salé ; Ephrata sanglote en tordant ses bras : « Je ne verrai plus le coucher du soleil. – Je n’entendrai jamais un mot d’amour. – Comme le dattier qui seul a poussé au creux du rocher, dans la mer de sable, jamais je n’entendrai le mot qui fait chanter dans l’oasis ronde, les palmiers aimés. »

Les vierges de Galaad soupirent : « Hélas ! hélas ! elle n’entendra pas le mot qui fait chanter la cime des dattiers quand les fleurs embaumées penchent leurs urnes d’or. Sa mère l’a nommée la vallée fertile ; mais le laboureur ne viendra jamais. Pleurez ! pleurez, fille de Galaad ! »

Ephrata sanglote en tordant ses bras : « Je ne verrai plus le coucher du soleil ! »