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Les Runes d’Attila.

La langue d’un homme ne sait pas les mots d’amour qu’un Dieu peut prononcer… Lorsque les étoiles s’éteignirent, le guerrier pressait contre sa cuirasse la tête d’Hildewige.

Lorsque Attila s’éveille, il voit sur le sable un traîneau en bois de poirier, un traîneau attelé de deux chevaux noirs dont les crinières sont tressées avec de la laine.

Un coucou d’or ouvre ses ailes à la pointe du timon, deux coucous d’or battent des ailes sur le cercle des colliers, des grelots d’argent sonnent sur le poitrail des chevaux.

Attila monte dans le traîneau. Il fait siffler le fouet garni de perles, il secoue les rênes d’or, les rênes d’argent, et le traîneau glisse sur la neige blanche, sur la neige nacrée.

Les vautours ont lissé leurs ailes, les loups marchent comme des cavaliers : cent par devant, cent par derrière, cent à gauche, cent à droite du traîneau de poirier.