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Les Runes d’Attila.

Les vagues se dressent, leurs bras verts serrent le flanc des loups, leurs langues blanches lèchent l’aile des vautours, et Attila chante en balançant sa tête aux cheveux ras :

« Rame, rame, vieillard ! Attila sera toujours roi ! » Le vieillard prit les rames et la barque accosta l’île verte où poussent les framboisiers, l’île verte de la mer pâle.

Attila saute sur le sable… Il ne voit plus la barque. Pourtant la barque était amarrée au rivage ; mais ce n’étaient pas des mains de femme qui avaient tissé la voile bleue.

Lorsque la nuit fut sombre, Attila étendit sur le sable sa peau de lion doublée de pourpre, se coucha et s’endormit. – Le cygne n’était pas là pour lui montrer la route.

Le cygne n’était pas non plus dans la barque rouge ; il était sur la colline couronnée de bouleaux où la Rose du Nord venait prier, le soir, la Vierge au croissant.