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Poëmes en prose.

Les vagues s’enflent, le vent rugit. « Nageons, nageons, disent les loups, nous aurons du sang à boire. – Volons, volons, disent les vautours, nous aurons des yeux à manger. »

Le vent rugit, l’éclair brille, la barque saute comme un saumon, les loups soufflent, les vautours crient, et Attila chante en balançant sa tête aux cheveux ras :

« Dans un palais de nuages mon âme dormira, dans un palais d’or et d’azur mon âme dormira, lorsque la terre sera rouge. Attila sera toujours roi ! »

L’éclair brille, les vagues se dressent, la bave tombe des gueules béantes, les plumes tombent des ailes froissées, Attila chante en balançant sa tête aux cheveux ras :

« Quand la terre sera rouge, je laverai mes mains dans un fleuve d’eau courante et mon âme s’en ira dans un palais de nuages. Attila sera toujours roi ! »