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Poëmes en prose.

« Roi des cavaliers, dit le cygne, une rose va s’épanouir sur un églantier du Nord ; si tu veux la cueillir, suis-moi jusqu’à l’île verte où rougissent les baies du sorbier.

Ses bras sont plus blancs que mes ailes, sa gorge est plus douce que mes ailes. Si tu veux la cueillir, suis-moi jusqu’à la forêt où les framboisiers poussent. »

Attila saute sur son étalon tigré et suit le cygne. Il le suit jusqu’au matin ; mais lorsque les étoiles pâlissent, le cygne disparaît et le roi s’arrête pour l’attendre.

Pendant une semaine, deux semaines, presque trois semaines, il marcha toutes les nuits, s’arrêtant lorsque le cygne disparaissait, et il arriva sur le sable de la mer pâle.

L’île verte brille au couchant, comme une émeraude sur des cheveux d’or ; mais la mer est profonde et l’étalon tigré ne veut pas entrer dans les vagues sonores.