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Poëmes en prose.

Il n’avait pas l’Amour, l’Amour qu’il faut à tous ceux qui fondent, l’Amour qu’il faut à tous ceux qui tuent. – Les couronnes pèsent…

L’Aurore relève, rieuse, sa robe bleue frangée de perles ; mais elle aperçoit sur l’herbe rousse, entre les vautours et les loups, l’ensanglanteur de fleuves.

Elle en a horreur et s’enfuit. Un sourd murmure monte des herbes altérées : « Cet homme, disent-elles, nous écrasera-t-il toujours sous les pieds de son cheval ?… »

Attila rêve, le menton dans la main, il n’entend pas la voix de l’herbe ; mais la voix de l’herbe s’étant enflée, il l’entend et il a peur. Il a si peur qu’il saute à cheval.

Il part au galop. Les loups se précipitent derrière lui, les vautours le suivent à tire d’ailes, et le soleil, irrité de trouver les ténèbres, jaillit dans le ciel étoilé.