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Les Runes d’Attila.

Attila dormait et son étalon paissait près de lui, sans crainte des vautours ni des loups. Les vautours et les loups l’aimaient parce qu’il portait son maître les jours de bataille.

Pendant que les vautours et les loups se parlent, Attila rêve. Il rêve du chariot de son père, il rêve du temps où les jeunes filles lui souriaient au bord du fleuve.

Une larme glisse sur sa joue, il s’éveille en soupirant : « L’Amour ! l’Amour ! » Il voit briller les dents blanches, il entends claquer les becs jaunes et il soupire : « L’Amour ! l’Amour ! »

Attila avait, dans son palais d’érable, des filles de rois et des filles de comtes, des seins plus doux que la neige, des lèvres plus ardentes que l’éclair, des yeux plus profonds que le ciel.

Il avait, dans son palais d’érable, des prêtresses et des courtisanes, des danseuses au front étoilé et des vierges tremblantes comme un épi de blé ; mais il n’avait pas l’Amour.