Page:Plutarque traduit par Jacques Amyot Vol 5.djvu/265

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Philippus , si tu n'en peux venir a bout non plus qiieulx , quelle amende veulx-tu payer pour ta temerité ? Je suis content, respondict Alexandre, de perdre austant comme vault le cheval'. Chascun se print à rire de ceste response , et feut entre eulx deux la gageure accordée d'une certaine somme d argent.

Et adoncques Alexandre s en courant vers Alexandre le cheval . le print par la bride , et le retourna ome le , cheval Bu-

la teste vers le soleil, s estant apperc,eu , com- cephai, ce me je croy , que le cheval se tourmentoit a cause qu il voyoit son umbre , laquelle torn- faire. boit et se remuoit devant luy a mesure qu il se mouvoit : puis en le caressant un pen de la voix et de la main , tant qu il le veit ronflant et soufflant de courroux , laissa a la fin tout doulcement tomber son manteau a terre , et se soubsleivant dextrement , d un sault leger monta dessuz sans auscun dangier , et luy tenant un peu la bride haulte , sans le battre ny harasser , le remeit gentilment : puis quand il veit qu il eut jecte tout son feu de despit, et qu il ne demandoit plus qu a courir , alors il luy donna carriere a toute bride , en le pressant encores avecques une voix plus aspre que son ordinaire , et un talonnement de pieds. Philippus , du commencement , le reguarda faire avecques une grande destresse , de crainte qu il ne se feist mal , sans mot dire toutesfois : mais quand il le veit adroictement retourner le cheval au bout de la carriere , tout fier de 1 ayse d avoir bien faict , alors tons les austres Tome r. K k