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leur faire restituer ce qu’ils avaient pris. Il eut aussi une occasion de faire la guerre, et mit en fuite des brigands qui habitaient l’Amanus. Cette victoire lui fît donner par les soldats le nom d’imperator. L’orateur Cœlius l’avait prié de lui envoyer de Cilicie des panthères, pour des jeux qu’il devait donner à Rome : Cicéron lui répondit, quelque peu vain de ses exploits, qu’il n’y avait plus de panthères en Cilicie[1] ; qu’elles avaient fui en Carie, furieuses d’être les seules à qui l’on fit la guerre, pendant que tout le reste était en paix.

En revenant de la Cilicie, il passa d’abord à Rhodes, et ensuite à Athènes, où il séjourna quelque temps avec plaisir, par le souvenir des habitudes qu’il avait eues autrefois dans cette ville. Il y conversa avec les hommes les plus distingués par leur savoir, et visita ceux de ses amis et de ses familiers qui s’y trouvaient alors. Après avoir fait l’admiration de la Grèce, il revint à Rome, où il trouva les affaires en combustion, et la guerre civile sur le point d’éclater. Le Sénat voulut lui décerner le triomphe ; mais il dit qu’il suivrait plus volontiers le char triomphal de César, quand on aurait fait la paix avec lui. Il ne cessait, en particulier, de conseiller cette paix : il écrivait fréquemment à César ; il faisait à Pompée de vives instances, ne négligeant rien pour adoucir l’un et l’autre rival, et calmer leurs dissentiments. Mais le mal était irrémédiable ; et, lorsque César s’avança sur Rome, Pompée, au lieu de l’attendre, abandonna la ville, suivi d’un grand nombre de citoyens les plus considérables. Cicéron ne l’avait pas accompagné dans cette fuite : on crut qu’il allait se joindre à César. Il est certain qu’il flotta longtemps entre les deux partis, en proie à une violente agitation ; car il écrit lui-même dans ses lettres : « De quel côté faut-il me tourner ? Pompée a,

  1. Voyez Epist. fam., ii, 11.