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avec lui ses trois filles, toutes extrêmement laides ; il s’écria tout haut :

Cet homme est devenu père en dépit de Phébus[1].


Marcus Gellius, qui passait pour être né dans une condition servile, lisait un jour des lettres devant le Sénat d’une voix très-forte et très-claire. « Ne vous émerveillez pas, dit Cicéron : il est de ceux qui ont été crieurs publics. » Faustus, fils de Sylla, celui qui avait possédé à Rome l’autorité souveraine et avait fait périr par les proscriptions un grand nombre de citoyens, ayant dissipé la plus grande partie de sa fortune, et se trouvant accablé de dettes, fit afficher une cession de tous ses biens à ses créanciers. « J’aime mieux ses affiches, dit Cicéron, que celles de son père. » Il amassa ainsi contre lui bien des haines. Quant à l’inimitié que lui vouèrent Clodius et ses partisans, voici à quelle occasion il la fit naître.

Clodius, jeune Romain d’une grande naissance, mais insolent et audacieux, aimait Pompéia, femme de César : il se glissa secrètement dans la maison de César, déguisé en musicienne ; car les femmes célébraient ce sacrifice mystérieux dont les hommes sont exclus[2]. Il n’y avait pas un seul homme dans la maison ; mais Clodius, tout adolescent encore, et qui n’avait pas de barbe au menton, espéra qu’il pourrait se glisser, parmi les femmes, jusqu’auprès de Pompéia, sans être reconnu. Entré la nuit dans une maison très-vaste, il s’égara ; et il errait de côté et d’autre, lorsqu’il fut rencontré par une des esclaves d’Aurélia, mère de César, qui lui demanda son

  1. J’ignore de qui est le vers cité par Cicéron, et que Dacier et Ricard attribuent à tort à Sophocle.
  2. Les mystères de la bonne Déesse. Voyez le récit du fait en question dans la Vie de César.