Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/667

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de son côté, craignant les soldats, qui imputaient à leurs chefs la cause de leur défaite. Annius Gallus reçut dans Bédriacum ceux qui s’échappèrent de la bataille, et chercha à les consoler, en disant que l’avantage avait été égal, et qu’en différents endroits ils avaient été vainqueurs. Mais Marius Celsus, ayant assemblé les principaux officiers, les exhorta à s’occuper du salut commun. « Après une telle défaite, leur dit-il, et un si grand carnage de citoyens, Othon lui-même, s’il est homme de bien, ne voudra pas tenter une seconde fois la Fortune. Il n’ignore nullement que Caton et Scipion, pour n’avoir pas voulu céder à César après la victoire de Pharsale, sont blâmés encore aujourd’hui, quoiqu’ils combattissent pour la liberté de leur patrie, d’avoir, sans nécessité, causé la perte de tant de braves en Afrique. Du reste, la Fortune, qui favorise indifféremment tous les hommes, ne peut ôter aux gens de bien ce seul avantage, de savoir, dans les revers, faire usage de leur raison pour réparer leurs malheurs. » Ce discours persuada les officiers ; et ils allèrent aussitôt sonder les soldats, qu’ils trouvèrent disposés à demander la paix. Titianus lui-même fut d’avis qu’on députe vers les ennemis pour ménager un accord. Celsus et Gallus furent chargés de cette commission, et se mirent en marche pour aller trouver Cécina et Valens et traiter avec eux. Ils rencontrèrent en chemin des centurions, qui leur apprirent que l’armée des ennemis s’avançait vers Bédriacum, et qu’ils étaient envoyés par leurs généraux pour proposer un accommodement. Celsus et Gallus, charmés de cette disposition, prièrent les centurions de retourner sur leurs pas, et de venir avec eux trouver Cécina.

Quand ils furent près des ennemis, Celsus se trouva dans le plus grand danger, parce que la cavalerie, qui avait été battue au combat de l’embuscade, et qui mar-