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et ils étaient obligés, pour les éviter, de faire des circuits, et de combattre par pelotons séparés. Il n’y eut que deux légions, l’une de Vitellius, appelée la Ravissante, l’autre d’Othon, nommée la Secourable, qui, s’étant dégagées de ces défilés et déployées dans une plaine nue et découverte, livrèrent une véritable bataille, et combattirent fort longtemps.

Les soldats d’Othon étaient pleins de force et de courage ; mais ils faisaient ce jour-là leur essai de la guerre ; ceux de Vitellius, au contraire, aguerris depuis longtemps, étaient affaiblis par l’âge et les fatigues. Les troupes d’Othon, les ayant donc chargés avec impétuosité, les enfoncèrent, enlevèrent l’aigle de la légion, et firent main basse sur les premiers rangs. Les soldats de Vitellius, outrés de honte et de colère, reviennent sur eux avec fureur, tuent Orphidius, leur commandant, et s’emparent de plusieurs enseignes. Alphénus Varus, à la tête de Bataves, qui sont les meilleurs cavaliers de la Germanie, et qui habitent une île située au milieu du Rhin, chargea les gladiateurs d’Othon, lesquels passaient pour avoir de l’expérience et du courage dans les combats corps à corps. Mais cette fois un très-petit nombre d’entre eux tint ferme : la plupart prirent la fuite du côté du Pô, et tombèrent au milieu de cohortes ennemies, qui étaient là en bataille, et qui les taillèrent en pièces après quelque résistance. Aucun corps ne se conduisit avec plus de lâcheté que celui des prétoriens ; car, sans attendre que les ennemis en vinssent aux mains avec eux, ils prirent la fuite à travers les troupes qui étaient en bataille, et y portèrent le désordre et l’effroi. Toutefois, plusieurs compagnies de l’armée d’Othon, ayant défait ceux qu’elles avaient en tête, s’ouvrirent un passage au milieu des ennemis victorieux, et regagnèrent leur camp. Quant à leurs généraux, ni Proculus ni Paulinus n’osèrent les y suivre : ils prirent la fuite chacun