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après avoir écouté Vinnius avec douceur et sans répondre, il remit sa décision à un autre temps, se contentant de nommer Othon consul, avec Vinnius, pour l’année suivante ; ce qui fit croire généralement qu’il désignerait Othon pour son successeur au commencement de l’année. Les gens de guerre en furent ravis, car ils le préféraient à tout autre. Mais, pendant que Galba délibérait, et remettait de jour en jour pour prendre une résolution, il apprit la révolte des légions de Germanie : il était devenu odieux à toutes les armées, parce qu’il avait refusé de donner l’argent qui avait été promis en son nom ; et celle de Germanie alléguait encore, pour prétexte de sa haine, l’ignominie avec laquelle Verginius Rufus avait été chassé, les récompenses accordées aux Gaulois qui avaient combattu contre eux, et la punition de ceux qui ne s’étaient pas déclarés pour Vindex, le seul envers qui Galba fût reconnaissant, et dont il honorât encore la mémoire par des sacrifices funèbres, comme si c’était lui seul qui l’eût déclaré empereur.

Pendant que ces propos se tenaient publiquement dans le camp, arriva le premier jour de l’année, que les Romains appellent les calendes de Janvier : Flaccus assembla toutes les troupes, pour leur faire prêter le serment de fidélité à l’empereur, comme c’est la coutume ; mais les soldats renversèrent les statues de Galba, et les mirent en pièces ; puis, après avoir prêté serment au Sénat et au peuple, ils se retirèrent dans leurs tentes. Les capitaines pensant que l’anarchie n’était pas moins dangereuse que la révolte, un d’entre eux alla trouver les soldats, et leur dit : « Que faisons-nous, mes compagnons ? Nous n’élisons pas d’autre empereur, et nous ne restons pas fidèles à celui que nous avons. C’est donc moins à l’obéissance de Galba que nous voulons nous soustraire, qu’à celle de tout autre chef qui pourrait nous commander. Abandonnons, j’y consens,