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pereur, il feignit de partager leur sentiment, s’approcha davantage d’eux, loua leur fidélité, et commanda à ceux qui l’accompagnaient de suivre son exemple. Alors les sentinelles lui ouvrirent les portes et le laissèrent entrer avec un petit nombre des siens ; mais il ne fut pas plutôt dans le camp, qu’on lui lança une javeline, que Septimius reçut dans son bouclier ; puis, plusieurs gardes coururent sur lui l’épée nue à la main, le poursuivirent, et le massacrèrent dans la tente d’un soldat. Son corps fut traîné au milieu du camp : là, on l’entoura d’une barrière ; et il demeura exposé le lendemain à la vue de toute l’armée.

Ainsi périt Nymphidius. Galba, informé de cette mort, ordonna que l’on fit périr tous ceux des conjurés qui ne se seraient pas tués eux-mêmes : de ce nombre furent Cingonius, celui qui avait composé la harangue de Nymphidius, et Mithridate de Pont. Leur supplice était mérité : néanmoins l’on trouva que c’était chose contraire aux lois et aux coutumes des Romains, d’avoir fait mourir, sans les juger, des hommes d’une condition honorable ; car tout le monde s’attendait à une autre forme de gouvernement, par ce qu’on avait d’abord dit de Galba ; et, comme il arrive ordinairement, on se trouvait trompé. Mais on fut affligé bien davantage encore de l’ordre qu’il fit donner à Pétronius Turpilianus, personnage consulaire, de se donner la mort parce qu’il était demeuré fidèle à Néron. En faisant tuer Macer en Afrique, par les mains de Trébonianus, et Fontéius en Germanie, par celles de Valens, il avait au moins des prétextes : ils étaient en armes dans le camp, et pouvaient être à craindre ; mais Turpilianus, vieillard nu et sans armes, il aurait du l’entendre, s’il eût été jaloux de garder dans ses actions la modération qu’il affectait dans ses paroles. Tels sont les reproches qu’on fait à Galba.