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texte pour justifier nos premières démarches ; mais, aujourd’hui, quelles sont les raisons qui peuvent nous pousser à trahir Galba ? Pouvons-nous l’accuser de l’assassinat de sa mère, ou du meurtre de sa femme ? Avons-nous eu la honte de voir notre empereur chanter et jouer des tragédies sur nos théâtres ? Et ces infamies mêmes nous ont-elles fait abandonner Néron ? N’est-ce pas à la seule persuasion de Nymphidius que nous l’avons rejeté, parce qu’il nous fit croire que Néron nous avait abandonnés le premier, et qu’il s’était retiré en Égypte ? Allons-nous donc encore immoler Galba sur Néron ? et, après nous être défaits du parent de Livie, comme nous nous sommes défaits du fils d’Agrippine, prendrons-nous pour César le fils de Nymphidia ? Ah ! plutôt, punissons Nymphidius de ses crimes, et demeurons les gardes fidèles de Galba, comme nous avons été les vengeurs des forfaits de Néron. » Ce discours du tribun ramena tous les soldats à son avis : ils allèrent trouver ceux des autres cohortes, les exhortèrent à rester fidèles à leur empereur, et en gagnèrent un grand nombre.

À ce moment, un cri général retentit dans le camp : Nymphidius, croyant, ou que les soldats l’appelaient à l’empire, ou que c’était quelque mouvement séditieux causé par ceux qui chancelaient encore, et qu’il fallait prévenir, s’y rendit, suivi d’un grand nombre de gens qui portaient des flambeaux, et tenant dans sa main une harangue que Cingonius Varron avait composée pour lui, et qu’il avait apprise par cœur, afin de la prononcer devant les soldats. Mais, ayant trouvé les portes du camp fermées, et les murailles garnies d’hommes armés, la frayeur le saisit : il s’avança vers ces hommes, et leur demanda quel était donc leur dessein, et en vertu de quel ordre ils avaient pris les armes ; et, comme tous répondirent qu’ils reconnaissaient Galba pour leur em-