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le punir de cette action, le fit mettre en prison ; mais, après la mort de Caïus, il recouvra sa liberté. Une autre fois, soupant chez l’empereur Claude, il vola une coupe d’argent : l’empereur, en ayant été informé, le fit inviter à souper pour le lendemain ; mais il ordonna à ses officiers de ne le servir que dans la vaisselle de terre. Aussi ce larcin, par la modération et la plaisanterie du prince, parut-il plus digne de risée que de punition ; mais les vols que Vinnius commit dans la suite, lorsqu’il disposait à son gré de Galba et de ses finances, causèrent de funestes malheurs et des événements tragiques, donnant lieu aux uns, et servant de prétexte aux autres.

En effet, Nymphidius, après le retour de Gellianus, qu’il avait envoyé auprès de Galba comme espion, ayant appris que Cornélius Lacon avait été nomme préfet du palais et des gardes prétoriennes, que Vinnius jouissait du plus grand crédit auprès de l’empereur, et que Gellianus n’avait pu approcher de Galba, ni l’entretenir en particulier, parce qu’il était devenu suspect et qu’on observait toutes ses démarches, fut si troublé de ces nouvelles, qu’il assembla tous les capitaines des cohortes prétoriennes, et leur dit, qu’à la vérité Galba était un vieillard plein de douceur et de modération, mais qu’au lieu de se conduire par ses propres conseils, il se laissait entièrement gouverner par Vinnius et Lacon, qui s’en acquittaient fort mal. « Avant de donner à ces deux hommes, ajouta-t-il, le temps d’acquérir la même autorité qu’avait Tigellinus, il faut envoyer des députés vers l’empereur, au nom de toute l’armée, pour lui représenter qu’en éloignant de sa personne Vinnius et Lacon seulement, il serait mieux vu à Rome, et se ren-