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reur, promettant aux soldats des cohortes prétoriennes sept mille cinq cents drachmes[1] par tête, et aux soldats des armées répandues dans les provinces, douze cent cinquante drachmes[2] chacun : sommes énormes, qu’il aurait été impossible de ramasser, sans faire aux Romains dix mille fois plus de maux que Néron ne leur en avait fait. Cette promesse perdit d’abord Néron, et bientôt après Galba lui-même ; car, après avoir abandonné l’un pour recevoir l’argent promis, les soldats firent mourir l’autre parce qu’on leur manquait de parole. Ensuite, cherchant un empereur qui pût leur donner une pareille somme, ils se consumèrent eux-mêmes en révoltes et en trahisons, sans pouvoir obtenir la récompense tant désirée.

Le détail des choses qui arrivèrent alors n’appartient qu’à une histoire générale : il suffit donc au but que je me propose de ne point passer sous silence les malheurs et les événements les plus mémorables de la vie des Césars. Sulpicius Galba est, de l’aveu de tous les historiens, le plus riche particulier qui soit jamais entré dans la maison des Césars. Quoique fier de son illustre naissance, étant de la famille des Servius, Galba se tenait plus honoré encore de sa parenté avec Catulus[3] qui avait été le premier de son temps en réputation et en vertu, quoiqu’il cédât volontiers à d’autres le premier degré d’autorité et de puissance. Galba était parent de Livie, femme d’Auguste ; et ce fut par le crédit de Livie qu’il sortit du palais impérial pour aller prendre possession du consulat. On dit qu’il commanda avec gloire dans la Germanie, et que, devenu proconsul d’Afrique, il s’y distingua entre le petit nombre de ceux qui y acquirent le plus d’hon-

  1. Environ six mille sept cent cinquante francs de notre monnaie.
  2. Environ onze cent vingt-cinq francs.
  3. Galba était arrière-petit-fils de Quintus Lutatius Catulus, celui qui fut le collègue de Marius : il mentionnait cette descendance sur toutes les statues qu’on lui érigeait.