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GALBA.


(De l’an 4 avant J.-C. à l’an 69 après J.-C.)

Iphicrate l’Athénien voulait que le soldat mercenaire fût avide d’argent et de plaisirs, afin que, pour se procurer de quoi satisfaire ses passions, il s’exposât avec plus d’audace à tous les périls. Mais la plupart des autres généraux veulent que le soldat, ainsi qu’un corps fort et robuste, dont un seul principe dirige toutes les fonctions, n’ait d’autres mouvements que ceux que son chef lui imprime. Aussi dit-on que Paul Émile ayant trouvé, en arrivant en Macédoine, beaucoup de babil et de curiosité dans son armée et la plupart des soldats s’ingérant, pour ainsi dire, des fonctions de général, fit publier dans le camp que chaque soldat eût la main prompte et l’épée bien affilée, et qu’il prendrait lui-même soin du reste. Platon disait que le meilleur général devenait inutile, si ses troupes n’étaient soumises et obéissantes ; pensant que la vertu d’obéissance, autant que celle du commandement, exige, pour modérer l’impétuosité de la colère, un naturel généreux, une éducation philosophique, mélangés de douceur et d’humanité. De nombreux exemples attestent cette vérité ; et les malheurs qui fondirent sur Rome après la mort de Néron, montrent assez que rien n’est terrible dans un empire comme une armée qui ne connaît plus de frein, et qui se livre avec licence à tous ses mouvements désordonnés.

Démade voyant, après la mort d’Alexandre, les mouvements impétueux et aveugles de l’armée macédonienne,