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sur les armes brillantes, leur fit craindre d’être découverts par les gardes. La tête de la troupe touchait presque aux murailles, lorsque des nuages, s’élevant de la mer, couvrirent la ville et les environs, et y répandirent une profonde obscurité. Là, ils s’assirent pour se déchausser, d’abord pour faire moins de bruit, et ensuite parce qu’en montant sur des échelles avec les pieds nus on est moins sujet à glisser. Erginus, et avec lui sept jeunes gens déguisés en voyageurs, se glissèrent par la porte sans être aperçus, et tuèrent la sentinelle et les gardes. En même temps on dresse les échelles : Aratus monte d’abord avec cent hommes, en ordonnant aux autres de le suivre le plus promptement possible ; et, faisant aussitôt retirer les échelles, il descend dans la ville, puis, à la tête de ses cent hommes, il monte à la citadelle plein de joie, ne doutant plus du succès, puisqu’il n’a pas été découvert. En avançant ils rencontrèrent une patrouille composée de quatre hommes qui portaient de la lumière : ces hommes ne les aperçurent pas, parce qu’ils se trouvaient encore dans l’ombre des nuages qui cachaient la lune, au lieu que ceux-ci les distinguèrent très-bien à la clarté de leurs flambeaux. Aratus et les siens se tapirent le long de vieux murs et de masures en ruines, comme dans une embuscade ; et, lorsque ces hommes passèrent devant eux, ils les chargèrent si brusquement qu’ils en tuèrent trois : le quatrième, blessé à la tête d’un coup d’épée, prit la fuite en criant que les ennemis étaient dans la ville. Bientôt après les trompettes sonnent l’alarme ; et dans un instant toute la ville est sur pied. Déjà les rues sont pleines de gens qui courent çà et là : on éclaire les quartiers bas, ainsi que le haut de la citadelle ; de toutes parts s’élève un bruit confus, dont on ne peut démêler la cause.

Cependant Aratus poursuivait sa marche, et s’efforçait de gravir les rochers escarpés qui menaient à la citadelle, d’abord très-lentement et non sans de grandes difficultés,