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peler la sœur de celle de Marathon[1]. De même on peut dire, sans crainte de se tromper, que cette entreprise d’Aratus fut la sœur de celles de Pélopidas le Thébain et de Thrasybule l’Athénien, lorsqu’ils firent périr les tyrans ; avec cette différence, qui est toute à l’avantage de celle d’Aratus, qu’elle ne fut pas dirigée contre des Grecs, mais contre une puissance étrangère.

L’isthme de Corinthe, qui sépare les deux mers, joint le continent de la Grèce à celui du Péloponnèse ; et l’Acrocorinthe, qui est une haute montagne et s’élève au milieu de la Grèce, quand elle est occupée par une garnison, rompt toute communication avec l’intérieur de l’isthme, empêche tout passage, même des gens de guerre, tout commerce parterre et par mer, et rend maître absolu de la Grèce celui qui est maître de la place. Aussi Philippe le jeune[2], roi de Macédoine, appelait-il sérieusement, et non sans vérité, la ville de Corinthe les fers de la Grèce. Cette place était l’objet de la convoitise générale ; mais le désir qu’avait Antigonus de la posséder ressemblait à une passion violente, à une véritable fureur : toutes ses pensées, tous ses soins tendaient à s’en emparer par surprise, ne pouvant se flatter de l’emporter de force.

Alexandre, qui occupait cette place, étant mort, à ce que l’on croit, par le poison qu’Antigonus lui fit donner, sa femme Nicéa prit en main le gouvernement des affaires, et garda soigneusement l’Acrocorinthe. Antigonus lui envoya d’abord son fils Démétrius, en lui donnant l’es-

  1. On ne sait pas trop de quelle victoire il peut s’agir ici : Charès n’en a pas remporté dans sa vie qui vaille la peine d’être citée, et n’est guère connu que par sa défaite à la bataille de Chéronée contre Philippe, où il commandait les Athéniens. On pense que le nom de Charès n’est ici qu’une erreur de copiste.
  2. Celui qui fut vaincu par Flamininus, et qui fut père de Persée, en qui finit le royaume de Macédoine.