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un des bannis de Sicyone, et à Ecdélus[1] Arcadien de Mégalopolis, homme à la fois versé dans la philosophie et plein d’activité, et qui avait été disciple d’Arcésilas l’académicien à Athènes. Puis, comme l’un et l’autre ils eurent reçu avec ardeur cette première ouverture, il en parla aux autres bannis : un petit nombre d’entre eux, par la honte de se refuser à cette espérance, s’associèrent à son entreprise ; mais la plupart cherchèrent à l’en détourner, disant que son inexpérience le rendait téméraire.

Pendant qu’il réfléchissait en lui-même sur les moyens de s’emparer de quelque poste voisin de Sicyone, d’où il pût, comme d’une place d’armes, faire la guerre au tyran, il arriva à Argos un Sicyonien échappé de prison, et qui était frère de Xénoclès, l’un des bannis. Cet homme, ayant été amené par Xénoclès à Aratus, lui dit que l’ouverture de la muraille par où il s’était sauvé était pratiquée, dans l’intérieur, presque au niveau du terrain de la ville, qui, de ce côté, était très-élevé et couvert de rochers escarpés, et qu’à l’extérieur on pouvait escalader le mur. Aratus, d’après ce rapport, envoie Xénoclès avec deux de ses esclaves, Seuthas et Technon, pour reconnaître la muraille, résolu qu’il était, si la chose était possible, de précipiter secrètement l’entreprise, et de tout hasarder plutôt que de se jeter dans une longue guerre et d’engager ouvertement, lui simple particulier, plusieurs combats contre le tyran. Xénoclès et les esclaves, après avoir pris la hauteur de la muraille, rapportèrent que le lieu n’était naturellement ni inaccessible, ni même difficile, mais qu’il serait malaisé d’en approcher, à cause de plusieurs petits chiens d’un jardinier, lesquels étaient très-ardents et impossibles à apprivoiser. Toutefois, malgré cet obstacle, Aratus se mit en devoir d’exécuter son projet.

  1. Il est nommé ailleurs Ecdémus.