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avaient déjà porté la guerre en Asie, d’abord sous la conduite de Thimbron, ensuite sous celle de Dercyllidas ; mais, ces deux généraux n’ayant rien fait de mémorable, ils remirent la conduite de cette guerre aux mains d’Agésilas, leur roi. Agésilas se rendit par mer en Asie, où il s’acquit, par ses premiers exploits, une grande renommée : il vainquit Tisapherne en bataille rangée ; et cette victoire entraîna la défection d’un grand nombre de villes[1].

Instruit par ces revers, Artaxerxès imagina un nouveau plan d’attaque contre les Spartiates : il envoya en Grèce Hermocratès le Rhodien, avec des sommes considérables, pour corrompre ceux qui avaient le plus de crédit dans les villes, et soulever tous les autres peuples contre Lacédémone. Hermocratès s’acquitta fort bien de sa commission : les villes les plus puissantes se liguèrent contre les Spartiates, et le Péloponnèse fut ébranlé. Alors les magistrats de Lacédémone rappelèrent Agésilas d’Asie : en partant, il dit à ses amis que le roi le chassait d’Asie avec trente mille archers ; parce que la monnaie des Perses porte un archer pour empreinte. Artaxerxès enleva de même aux Lacédémoniens l’empire de la mer, par le moyen de Conon, général des Athéniens, qui joignit sa flotte à celle de Pharnabaze ; car, depuis la défaite d’Égos-Potamos, Conon s’était tenu dans l’île de Cypre, moins pour sa sûreté que pour attendre quelque changement dans les affaires, comme on attend pour s’embarquer le retour de la marée. Sentant que les projets qu’il avait formés demandaient une grande puissance, et qu’il manquait à celle du roi un homme capable de la diriger, il lui écrivit pour lui communiquer ses vues, et chargea son envoyé de faire remettre sa lettre au roi par Zénon de Crète, le danseur, ou par

  1. Voyez la Vie d’Agésilas dans le troisième volume.