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Messala lui-même de ce qu’après avoir été, pour l’amour de Brutus, son plus grand ennemi à la bataille de Philippes, il s’était montré, à celle d’Actium, fort affectionné à son service : « César, répondit Messala, je me suis toujours attaché au parti le meilleur et le plus juste. »

Antoine, ayant trouvé le corps de Brutus, commanda qu’on l’ensevelît dans une de ses plus riches cottes d’armes ; et, dans la suite, ayant su qu’on n’en avait rien fait, et qu’elle avait été volée, il fit mourir le coupable, et envoya les cendres de Brutus à sa mère Servilia. Quant à Porcie sa femme, Nicolas le philosophe[1] et Valère Maxime[2] rapportent que, résolue de se donner la mort, mais en étant empêchée par ses amis, qui la gardaient à vue, elle prit un jour dans le feu des charbons ardents, les avala, et tint sa bouche si exactement fermée, qu’elle fut étouffée en un instant. Toutefois il existe une lettre de Brutus, dans laquelle il reproche à ses amis d’avoir abandonné Porcie, et d’avoir souffert qu’elle se laissât mourir pour se délivrer d’une longue et pénible maladie. Il semble donc que ce soit de la part de ces deux écrivains un anachronisme ; car cette lettre, si elle est véritablement de Brutus[3], fait assez connaître la maladie de Porcie, son amour pour son mari, et le genre de sa mort.


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  1. C’est Nicolas de Damas, contemporain d’Auguste et intime ami du roi Hérode. Il avait composé un grand nombre d’ouvrages historiques et philosophiques, et même des tragédies et des comédies.
  2. Valère Maxime, qui est bien connu, vécut sous Auguste et Tibère.
  3. Cette lettre n’existe plus.