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par Brutus. Il entreprit ensuite de forcer quelques postes que les troupes de Brutus occupaient autour de Byllis[1] ; mais, ayant engagé un combat contre Cicéron, il fut battu ; car Brutus se servait déjà de ce jeune homme, et lui dut de grands succès. À quelques jours de là, Brutus surprit Caïus Antonius dans des lieux marécageux et fort éloignés de son poste : toutefois il ne voulut point qu’on le chargeât ; il se contenta de le faire envelopper, et ordonna à ses soldats d’épargner des troupes qui seraient bientôt des leurs. Ce qui arriva en effet : elles se rendirent avec leur général, et par là Brutus se vit à la tête d’une armée assez considérable. Il retint longtemps Caïus Antonius auprès de lui, le traitant avec honneur, et lui conservant même les marques du commandement, quoique plusieurs de ses amis, et Cicéron lui-même, lui écrivissent de Rome, et le pressassent de s’en défaire. Mais enfin, s’étant aperçu qu’il travaillait secrètement à pratiquer ses capitaines, et cherchait à exciter quelque mouvement, il le fit mettre sur un navire, et là, garder étroitement. Ceux des soldats que Caïus avait corrompus, s’étant retirés à Apollonie, écrivirent à Brutus de venir les y trouver ; mais Brutus fit réponse qu’il n’était pas d’usage chez les Romains que le général allât trouver des soldats rebelles ; que c’était aux soldats à venir eux-mêmes solliciter leur pardon et apaiser la colère du général. Ils se rendirent donc auprès de lui, et, par leurs prières, obtinrent leur grâce.

Comme il se disposait à passer en Asie, il apprit les changements survenus dans Rome. Le jeune César, fortifié d’abord par le Sénat contre la puissance d’Antoine, se rendit lui-même redoutable, dès qu’il eut chassé Antoine d’Italie : il demandait le consulat, contre les dispositions des lois, et entretenait de nombreuses armées,

  1. Ville maritime de l’Illyrie.