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ton[1], frère d’Antiochus, homme qui le cédait certainement en érudition à bien d’autres philosophes, mais qui les égalait tous en sagesse et en douceur. Empylus[2], dont il est fait mention plusieurs fois dans ses lettres et dans celles de ses amis, comme d’un de ses commensaux, était un rhéteur, qui a laissé un écrit assez court, mais non point méprisable, sur le meurtre de César, lequel écrit est intitulé Brutus.

Brutus s’était suffisamment exercé dans la langue romaine pour haranguer les soldats et plaider dans les procès. Quant à la langue grecque, on voit à chaque instant dans ses lettres qu’il affectait, en s’en servant, une brièveté sentencieuse et laconienne. Ainsi, au commencement de la guerre, il écrit aux Pergaméniens : « J’entends dire que vous avez donné de l’argent à Dolabella : si c’est volontairement que vous en avez donné, avouez que vous êtes dans votre tort ; si c’est malgré vous, prouvez-le en m’en donnant de bon gré. » Il écrit aux Samiens : « Vos délibérations sont longues ; les effets en sont lents : quelle pensez-vous qu’en sera la fin ? » Il dit dans une autre lettre, au sujet des Pataréens[3] : « Les Xanthiens[4], dédaignant ma clémence, ont fait de leur patrie le tombeau de leur désespoir. Les Pataréens, en se livrant à ma bonne foi, ont conservé leur liberté avec tous leurs privilèges. Vous pouvez choisir, ou du bon sens des Pataréens, ou du sort des Xanthiens. » Mais en voilà assez pour donner une idée de ce qui distingue le style épistolaire de Brutus.

Tout jeune encore, il accompagna en Cypre Caton, son oncle, qu’on y avait envoyé contre Ptolémée[5] Pto-

  1. Cicéron le nomme Aristus.
  2. Empylus ne nous est plus connu que par ce qu’en dit ici Plutarque.
  3. Patare était une ville de Lycie.
  4. Xanthus était aussi en Lycie.
  5. Voyez la Vie de Caton le Jeune dans le troisième volume.