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tretenir de quelque affaire, et, au moment où celui-ci baisse la tête pour l’écouter, il le frappe de son poignard et le tue. Cette descendance est généralement reconnue : quant à l’origine paternelle de Brutus, ceux qui lui ont voué de la haine et du ressentiment à cause du meurtre de César soutiennent qu’il n’était point de la race du Brutus qui chassa les Tarquins[1]. L’ancien Brutus, suivant eux, ne laissa point de postérité, ayant fait périr ses fils ; Marcus Brutus était de race plébéienne, fils d’un Brutus intendant de maison, et sa famille n’était parvenue que depuis peu de temps aux dignités de la république. Mais Posidonius le philosophe dit qu’outre les deux fils de Brutus mis à mort comme le rapporte l’histoire, et qui étaient des adolescents, il y en avait un troisième en bas âge, qui survécut à son père, et fut la tige de la famille des Brutus. Il ajoute qu’il y avait de son temps plusieurs hommes considérables de cette maison qui avaient de la ressemblance, pour les traits du visage, avec la statue de Brutus. Mais j’en ai dit assez sur ce point.

Caton le philosophe était frère de Servilia, mère de Brutus : c’est lui que Brutus prit surtout pour modèle. Caton, qui était déjà son oncle, devint plus tard son beau-père. Il n’y avait, on peut dire, pas un philosophe grec dont Brutus n’eût lu les écrits, et dont la doctrine lui fût étrangère ; mais il eut une préférence marquée pour l’école de Platon. Il ne montra pas grand empressement pour ce qu’on nomme la nouvelle Académie, non plus que pour la moyenne : c’est à l’ancienne qu’il s’attacha. Il honora toujours d’une haute estime Antiochus l’Ascalonite[2], et se donna pour ami et pour commensal Aris-

  1. Denys d’Halicarnasse et Dion sont de cet avis.
  2. C’était en ce temps-là le chef de l’ancienne Académie. Voyez Vie de Lucullus dans le troisième volume.