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qu’il renvoya l’exécution du meurtre de Dion au jour même où l’on célébrait la fête de Proserpine, qui était celle des déesses par laquelle il avait juré. Sans doute Proserpine eût été offensée, en quelque temps qu’il eût commis ce meurtre sur un homme qu’il avait lui-même initié aux saints mystères ; mais sa majesté était bien plus violée par le choix qu’il faisait du jour même de sa fête.

Callippus s’était associé plusieurs complices : ce jour-là donc, comme Dion était dans une salle où il y avait plusieurs lits, ayant avec lui bon nombre de ses amis, les conjurés environnèrent la maison : les uns gardent les portes et les fenêtres ; les autres, qui devaient porter la main sur lui, et qui étaient des soldats zacynthiens, entrent dans la salle en simple tunique et sans épées. Dès qu’ils furent entrés, ceux du dehors fermèrent la porte sur eux. Les meurtriers se jetèrent alors sur Dion, et s’efforcèrent de l’étouffer ; mais, n’en pouvant venir à bout, ils demandèrent des épées. Personne de ceux du dedans n’osa ouvrir la porte, bien que Dion eût avec lui plusieurs de ses amis ; car, comme chacun d’eux espérait qu’en le laissant périr il sauverait sa propre vie, ils ne cherchèrent nullement à le secourir. Les meurtriers attendirent quelques instants : enfin, un Syracusain, nommé Lycon, ayant tendu par la fenêtre un poignard à l’un des Zacynthiens, ils égorgèrent Dion, comme une victime depuis longtemps menacée du coup fatal, et qui tremble de frayeur. Cette exécution consommée, ils jetèrent en prison la sœur de Dion, et sa femme, qui était enceinte. Cette infortunée accoucha misérablement dans la prison, et mit au monde un fils, qu’elles résolurent de nourrir : ce que les gardes leur permirent aisément, sachant que Callippus se trouvait dans une situation assez embarrassante.

Après le meurtre de Dion, Callippus jouit d’abord